Dans le cadre du iPO iMAL 2025, Annika est sélectionnée pour une résidence d’expérimentation FabLab, où elle travaillera sur son projet " Windmills for Christmas/ windmills of shame "

" Le point de départ du sujet est venu de l’observation de deux objets aléatoires : l’un est un jouet, l’autre sert de décoration. Pendant les fêtes de Noël, mon neveu a construit un petit moulin à vent en bois qui utilise l’énergie des panneaux solaires sur son toit pour imiter le mouvement de la production d’énergie éolienne. En même temps, ma mère a mis en place une pyramide de Noël traditionnelle allemande qui utilise l’air chaud provenant des bougies pour déplacer les pales du rotor. Cela active les différents niveaux du bâtiment, laissant tourner en cercles infinis les images clichées d’un Moyen-Orient, de palmiers et de chameaux. Le Kitsch de l’un et la production d’énergie redondante de l’autre ont résonné en moi car ils sont en liens avec mon travail « please don’t water me, I’m artificial 1/ 2 », qui copie la nature en plastique et évoque une fausse durabilité visuelle. J’ai commencé à collectionner des objets suite à une recherche de similarité esthétique et d’un voisinage visuel dans leur performance de mouvements mécaniques rotatifs. Travailler avec des objets prêts à l’emploi, c’est aussi découvrir les désirs ou les goûts existants au sein de la société. De toute évidence, le besoin d'être soutenu par la technologie et les petites machines dans notre vie quotidienne moderne ne cesse de croître : les chasse-mouches motorisés, les Lazy Susans, qui distribuent la nourriture sur nos tables, les ventilateurs portatifs, les jouets électriques, les aspirateurs automatiques, ou les objets décoratifs hypnotisants tels que la pyramide de Noël ou les présentoirs de bijoux. En même temps, il est tout aussi évident que nous nous dirigeons vers une crise écologique, pourtant le parti d'extrême droite AfD a réussi à tenir sa promesse électorale de détruire tous les moulins à vent lorsqu'il sera au pouvoir - notamment parce que ce sont tout simplement de vilains « moulins à vent de la honte », comme l'affirme Alice Weidel. Simultanément, les grandes entreprises ont tendance à mettre en avant leur utilisation des énergies renouvelables, une autoreprésentation greenwashed dont SmartFlower est un représentant. L'image des énergies renouvelables est coincée entre des mondes de rêve de progrès et des visions de « croissance verte » d'une part et un avenir de régression, résultat de la peur et des théories du complot, d'autre part".

Annika Boll est une artiste numérique d’origine allemande, travaillant dans la conception de jeux, les logiciels 3D, l’animation et l’installation. Son travail utilise des technologies de numérisation sur la nature pour convertir ses informations analogiques-organiques en formes numériques et inversement, un processus qu’elle décrit de manière ludique comme le jardinage numérique. Elle a mis au point des méthodes d’archivage de matériaux réels par le biais d’une numérisation 3D méticuleuse, suivie de leur réanimation sous forme de représentations fantomatiques dans des scènes de nature irréelles ou de leur réactivation dans l’espace réel sous la forme d’impressions 3D automatisées. Son travail vise à explorer les liens entre la circulation du spectateur et le concept de marche comme méthode, en particulier comment les technologies 3D aident à créer de nouvelles perspectives dans la navigation au sein des nuances de la réalité et de la simulation. Avec humour, elle veut perturber l’effet apaisant de la conservation et du stockage numérique en reconnaissant et en mettant en valeur son artificialité.

Après avoir étudié l'anthropologie culturelle et la psychologie sociale en Allemagne et en Inde, elle a étudié les stratégies multidimensionnelles à la Kunsthochschule de Kassel, puis s'est installée en France et a obtenu un diplôme en beaux-arts à la Villa Arson de Nice. Récemment, elle a été artiste en résidence à l'Atelier Panormos, à Palerme, au -1, Het Nieuwe Instituut, à Rotterdam, au V2 - Lab for the Unstable Media, à Rotterdam, et a participé à la résidence Art4Sea sur l'île d'Ustica, en Italie. En 2025, elle participera à la 16e Triennale für Kleinplastik, à Fellbach, et travaillera sur sa recherche artistique à a.pass, à Bruxelles. Elle vit et travaille à Bruxelles, en Belgique.

Pour en savoir plus : https://www.are.na/annika-boll/channels

Credit for Annika Boll's portray : Xavier Marquis
Credit for "Windmills for Christmas/ windmills of shame" visuals : Annika Boll