BIO
Grâce à la sculpture, à la peinture et à la projection, Yi Fan-Li a transformé son œuvre en un fantastique objet narratif qui repose, fragmenté, dans l’espace accueillant l’exposition – une œuvre qui n’est pas sans évoquer un champ de bataille. En observant ces vestiges épars, le spectateur se fait une idée de l’espace-temps psychédélique traversé par l’artiste, témoin de l’émergence et du désenchantement des désirs. Li a élaboré un concept méta-narratif en faisant un usage éclairé d’outils technologiques comme le mapping vidéo. Son œuvre donne ainsi l’impression d’hésiter à franchir le seuil de la narration et de se trouver prise dans une perpétuelle phase préparatoire. Ces « préparatifs » sont empreints des échanges entre l’artiste et ses instruments, tantôt badinage, tantôt lutte, tantôt torture. C’est après l’effondrement de chaque camp que l’œuvre peut émaner du cadavre en décomposition et les narrations se déployer doucement. En ce sens, ce que l’œuvre de Li nous donne à voir, ce n’est pas seulement le flux de la narration, mais aussi la dimension ambiguë issue de l’imbrication de ses histoires personnelles et des moyens d’expression artistique qu’il choisit. Dans cette dimension, le temps cesse de s’écouler, Mercure est en phase rétrograde, et les mots prononcés sont dépourvus de sens car ils se fondent les uns dans les autres.
Crédits
Sound design: Hung Tzu-Ni