High Fidelity Wasteland II : The Proto-Plastic Groove est une installation sonore immersive composée d'un tourne-disque des années 1950 qui ralentit et déforme l'échelle de temps audible de la musique du passé. Le système sonore intensifie et fait en quelque sorte voyager les impuretés, les bruits et les origines biologiques des disques en gomme-laque – le précurseur du vinyle tel que nous le connaissons aujourd'hui. Au lieu de jouer des compositions classiques et des tubes nostalgiques à la vitesse standard de 78 tours par minute, cette œuvre ralentit tout à 16 tours par minute et étire le son en un paysage sombre sombre et enveloppant.

Le disque en gomme-laque a été le tout premier support d'enregistrement en forme de disque qui a permis aux gens de posséder, de collectionner et d'écouter de la musique dans un cadre domestique. En tant que matériau, la gomme-laque ressemble et se comporte comme n'importe quel autre plastique, mais cette résine sombre a une origine organique. Il s'agit d’un matériau bio adhésif secrété par le coléoptère lactique qui vit dans les arbres et qui sert à créer un abri protecteur pour sa progéniture. Chimiquement similaire aux polymères synthétiques, la gomme-laque est donc considérée comme une forme naturelle de plastique. Et bien que la gomme-laque ait été récoltée et marchandisée avec empressement au XXe siècle pour rendre la musique tangible, l'ère du disque de gomme-laque est la seule (et très brève) période pendant laquelle l'industrie de l'enregistrement musical a été durable.

Darsha Hewitt a développé High Fidelity Wasteland II : The Proto-Plastic Groove en 2021 lors de sa résidence à KONTEJNER (HR).

Darsha Hewitt est une artiste sonore interdisciplinaire qui explore de manière critique la matérialité de la musique et du son, l'obsolescence (programmée) et les pratiques de la technologie dont la société de consommation se débarrasse. Dans une perspective d’archéologie des médias, elle déconstruit des générations de technologies obsolètes pour retracer les systèmes de pouvoir, d'économie et de contrôle inhérents aux infrastructures technologiques. Ses œuvres démystifient simultanément les systèmes intrinsèques chaotiques et déroutants qui composent notre technologie et les transforme en expériences sonores inattendues qui soulèvent des questions sur nos enchevêtrements technologiques et leurs implications pour les humains et l'écologie.

Le travail de Hewitt est présenté à l'international, avec des expositions récentes à Ars Electronica (AU), Zagreb Museum of Contemporary Art (HZ), Hong Kong City Hall, Halle14 – Centre for Contemporary Art (DE), MU Artspace (NL), The Museum of Art and Design (NYC), Hartware Medien Kunstverein (DE), Gaitée Lyrique (FR), Deichtorhallen centre for contemporary (DE), Kampnagel (DE), Modern Art Oxford (Royaume-Uni), Transmediale / CTM Festival Berlin (DE) et WRO Media Art Biennale (PL).

Financé par la Plateforme européenne des arts médiatiques (EMAP) et hébergé par KONTEJNER.

Images : avec l'aimable autorisation de l'artiste.