Fin et Début
.2024—
À propos de l'exposition
Que se passe-t-il après les paysages endommagés ? Où construisons-nous notre avenir ? Et avec qui ?
Dans son poème " Fin et début", la lauréate polonaise du prix Nobel Wisława Szymborska décrit un paysage dévasté au lendemain de la guerre et tisse un récit de résilience, de réflexion et d'espoir. Réfléchissant aux luttes pour la reconstruction, la guérison et la responsabilité collective, ses mots ont une signification diachronique. Bien qu'ils fassent référence à un conflit spécifique, ses vers ont une validité universelle effrayante et malheureuse, ce qui rend son appel à l'action collective, à l'empathie et à l'attention plus pertinent que jamais. Inspiré par la réflexion de Szymborska sur l'effondrement des idéologies, le passage inexorable du temps et de l'histoire, et la décomposition irréversible du passé et de tout ce qui s’y rapporte, iMAL s'interroge : à quoi ressemblerait un avenir fondé sur l'empathie et l'attention collective ?
Remettant en question les notions de singularité humaine, de progrès excessif et de croissance, Fin et début / Einde en begin redéfinit la notion de soin en tant que structure écologique et relationnelle, en tant qu'assemblage polyphonique d'existence partagée entre les humain·es, la nature et la technologie. Embarquant pour un voyage exploratoire dans les systèmes alternatifs de soins entre les humains et les entités non-humaines, cette exposition offre un lieu de rencontre transformateur encourageant l'auto-réflexion et la reconsidération des possibilités infinies de notre avenur commun.
Conçue comme un récit complexe du soin, l'exposition se déploie en trois cercles interconnectés : soins aux personnes, soins à la nature et soins à la technologie. L'exposition présente 11 œuvres produites dans le cadre du programme de résidence de l'European Media Arts Platform (EMAP) et 4 productions récentes d'artistes basé·es en Belgique. Leur rencontre offre un espace de réflexion et de reconsidération des infrastructures sociales formatrices telles que le travail, les pratiques communautaires et la consommation d'énergie. Elle met en lumière la vitalité de l'échange de connaissances entre les espèces et l'importance de l'empathie pour les personnes et les entités autres qu'humaines, vues à travers diverses perspectives et approches. En donnant la parole et en mettant en relation des réflexions sous-représentées et des perspectives alternatives - qu'elles soient humaines, artificielles, naturelles ou imaginatives - l'exposition Fin et début / End and Begin invite le public à pénétrer dans des zones inexplorées de notre avenir commun et à imaginer des écosystèmes collectifs résilients enracinés dans une coopération multi-espèces.
Ici, « tout a un sens et mérite notre attention et notre vigilance». (James Bridle, Ways of Being)
Artistes
Annelie Berner
Johanna Bruckner
Nicolas Gourault
Darsha Hewitt
Dasha Ilina
Rosa Menkman
Vivien Roubaud
Caroline Sinders (en collaboration avec Trammell Hudson)
Studio Above&Below
Endi Tupja et Klodiana Millona
T(n)C
Total Refusal
Ava Zevop
Alex Verhaest
Programme parallèle
Barbara C. Branco
Crew
Darsha Hewitt
Gala Hernández López
Fleur Melbourn
Total Refusal
... et bien d'autres
Après chacune des guerres
il faut bien nettoyer
Un peu d’ordre dans tout ça
ne se fera pas tout seul.
Quelqu’un doit bien écarter
les gravats qui encombrent les routes,
sinon, comment passeraient
les charrettes pleines de cadavres.
Quelqu’un devra patauger dans
la fange et les cendres
les ressorts des divans
les débris de verre
les haillons sanglants.
Quelqu’un doit traîner la poutre
qui calera le mur.
Quelqu’un doit remplacer
et regonder la porte.
C’est pas photogénique,
et ça prend des années.
Toutes les caméras sont déjà
parties voir une autre guerre.
Il faut des ponts encore,
et des gares à nouveau.
Les manches seront en lambeaux,
tant on les retroussera.
Quelqu’un, balai à la main,
se souvient comment c’était.
Un autre écoute, en hochant
la tête, toujours à sa place.
Mais près de ces deux-là
tournent déjà quelques autres
que ces histoires embêtent.
Parfois encore quelqu’un
déterre sous un buisson
de vieux arguments rouillés,
qu’il jette sur le tas d’ordures.
Ceux qui sont au courant
du pourquoi du comment
céderont bientôt la place
à ceux qui en savent peu.
Puis à ceux qui en savent prou.
Et enfin, rien du tout.
Dans l’herbe qui a poussé
sur les causes et sur les effets
il faut entendre quelqu’un qui se couche
un épi entre les dents
à regarder les nuages.
FIN ET DÉBUT
—Wisława Szymborska
In De la mort sans exagérer, © Poésie/Gallimard, 2018 – Traduction du polonais par Piotr Kaminski.
Repris in Sœurs #8 – Guerre, 2022
Credits
This project is co-funded by the Creative Europe Program of the European Union and by the Vlaanderen verbeelding werkt through the Projectsubsidies kunsten.
Graphic design by OSP